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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 14:21

Tristesse
 


J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;

J'ai perdu jusqu'à la fierté

Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la vérité,

J'ai cru que c'était une amie ;

Quand je l'ai comprise et sentie,

J'en ai été dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.

Le seul bien qui me reste au monde

Est d'avoir quelques fois pleuré.

 

 

Alfred de Musset




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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 18:23

Odelette

Araignée grise,
Araignée d'argent,
Ton échelle exquise
Tremble dans le vent.

Toile d'araignée
- Émerveillement -
Lourde de rosée
Dans le matin blanc !


Ouvrage subtil
Qui frissonne et ploie,
Ô maison de fil,
Escalier de soie !

Araignée grise,
Araignée d'argent,
Ton échelle exquise
Tremble dans le vent.

 

Madeleine Ley (1901-1981)

 



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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 13:16


Soleils couchants


Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants.
Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves.

                        Paul Verlaine
                        Poèmes saturniens

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 11:43

 

Qu’est-ce pour nous, mon coeur


Qu’est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris
De rage, sanglots de tout enfer renversant
Tout ordre ; et L’Aquilon encor sur les débris ;

Et toute vengeance ? Rien ! ... - Mais si, toute encor,

Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats,
Périssez ! puissance, justice, histoire, à bas !
Ça nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d’or !

Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur,

Mon Esprit ! Tournons dans la morsure : Ah ! passez,
Républiques de ce monde ! Des empereurs,
Des régiments, des colons, des peuples, assez !

Qui remuerait les tourbillons de feu furieux,

Que nous et ceux que nous nous imaginons frères ?
À nous ! Romanesques amis : ça va nous plaire.
Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux !

Europe, Asie, Amérique, disparaissez.

Notre marche vengeresse a tout occupé,
Cités et campagnes ! - Nous serons écrasés !
Les volcans sauteront ! et l’Océan frappé ...

Oh ! mes amis ! - Mon coeur, c’est sûr, ils sont des frères :

Noirs inconnus, si nous allions ! allons ! allons !
Ô malheur ! je me sens frémir, la vieille terre,
Sur moi de plus en plus à vous ! la terre fond,

Ce n’est rien ! j’y suis ! j’y suis toujours.

 

Arthur Rimbaud
Vers nouveaux

 

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 11:22

L’Habitude


L’habitude est une étrangère
Qui supplante en nous la raison :
C’est une ancienne ménagère
Qui s’installe dans la maison.

Elle est discrète, humble, fidèle,

Familière avec tous les coins ;
On ne s'occupe jamais d’elle,
Car elle a d’invisibles soins :

Elle conduit les pieds de l’homme,

Sait le chemin qu’il eût choisi,
Connaît son but sans qu’il le nomme,
Et lui dit tout bas : « Par ici. »

Travaillant pour nous en silence,

D’un geste sûr, toujours pareil,
Elle a l’oeil de la vigilance,
Les lèvres douces du sommeil.

Mais imprudent qui s’abandonne

À son joug une fois porté !
Cette vieille au pas monotone
Endort la jeune liberté ;

Et tous ceux que sa force obscure

A gagnés insensiblement
Sont des hommes par la figure,
Des choses par le mouvement.



Sully Prudhomme


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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 09:30


Le Vase brisé


Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.

Mais la légère meurtrissure,

Mordant le cristal chaque jour,
D’une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,

Le suc des fleurs s’est épuisé ;
Personne encore ne s’en doute ;
N’y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu’on aime,

Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,

Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n’y touchez pas.


                       Sully Prudhomme
                       Stances Et Poèmes


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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 11:29

L'enfant lit l'almanach


L'enfant lit l'almanach près de son panier d'oeufs.
Et, en dehors des Saints et du temps qu'il fera,
elle peut contempler les beaux signes des cieux :
Chèvre, Taureau, Bélier, Poissons, et caetera.

Ainsi peut-elle croire, petite paysanne,

qu'au-dessus d'elle, dans les constellations,
il y a des marchés pareils avec des ânes,
des taureaux, des béliers, des chèvres, des poissons.

C'est le marché du ciel sans doute qu'elle lit.

Et, quand la page tourne au signe des Balances,
elle se dit qu'au ciel comme à l'épicerie
on pèse le café, le sel et les consciences.

                                          
                                                           Francis jammes
                                                                   (1868-1938)

 

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19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 15:39


Cent mille hommes

 

Cent mille hommes, criblés d'obus et de mitraille,
Cent mille hommes, couchés sur un champ de bataille,
Tombés pour leur pays par leur mort agrandi,
Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi,
Cent mille ardents soldats, héros et non victimes,
Morts dans un tourbillon d'évènements sublimes,
D'où prend son vol la fière et blanche Liberté,
Sont un malheur moins grand pour la société,
Sont pour l'humanité, qui sur le vrai se fonde,
Une calamité moins haute et moins profonde,
Un coup moins lamentable et moins infortuné
Qu'un innocent, - un seul innocent condamné, -
Dont le sang, ruisselant sous un infâme glaive,
Fume entre les pavés de la place de Grève,
Qu'un juste assassiné dans la forêt des lois,
Et dont l'âme a le droit d'aller dire à Dieu : Vois !



                                                         Victor Hugo

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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 14:20


Le temps perdu

 

Devant la porte de l'usine
le travailleur soudain s'arrête
le beau temps l'a tiré par la veste
et comme il se retourne
et regarde le soleil
tout rouge tout rond
souriant dans son ciel de plomb
il cligne de l'oeil
familièrement
Dis donc camarade Soleil
tu ne trouves pas
que c´est plutot con
de donner une journée pareille
à un patron ?

 

                                                                                                    Jacques Prévert

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2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 15:49


Le papillon

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses
S'enivrer de parfums, de lumières et d'azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles
Voilà du papillon le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté !


Alphonse de Lamartine (1790-1869)

 

Extrait d'Une cascade de poèmes



---


J'avance difficilement sur mon nouveau recueil,
la structure existe, tous les poèmes sont crées,
mais des imperfections que je n'arrive pas
à résoudre demeurent ...

Cette phase d'amélioration est extrêmement
éprouvante ...

Deux semaines déjà que je travaille sur un vers
et je n'ai toujours pas la solution idéale ...

Trois autres vers doivent également être revus ...

Je veux prendre mon temps, mais l'impatience est là ...

N'ayant pas envie de m'étendre outre mesure
j'ai choisi d'exposer ce poème parce qu'il est
léger, un brin innovant pour l'époque, et que
le sujet du Papillon est un thème qui m'est
familier, bien qu'il n'y en ait aucune trace
dans cet atelier ...

Sur ce, je vous souhaite mes meilleurs voeux ...

Et j'espère à bientôt ...


bug_fck

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